[Hawk Wing] Shawn Page - 3ème année

« — Je t’envoie un hibou dès que j’arrive... peut-être !

C’est la dernière chose qu’il a dite à sa mère avant de claquer la porte de l’appartement familial du Queens. Il a jeté son sac sur son épaule et a dévalé en courant l’escalier de l’immeuble dont l’ascenseur était encore en panne. Un hibou alors qu'il avait un portable. C'était de la provoc. Sur le trottoir, tout en hélant un taxi, il a regardé la fenêtre du 6ème étage, certain que sa mère, larmoyante, serait cachée derrière le rideau à regarder son fils unique partir pour le vieux continent.

— Elle est pas possible, » maugréa-t-il en faisant un geste d’au revoir-bon vent en direction de la fenêtre où, effectivement, Veronica se tenait dévastée par les larmes, mouchant son nez morveux de mère juive italienne. Il s’attendait à avoir trente six coups de fils d’ici son arrivée à Londres. Elle lui avait acheté un téléphone portable avec un forfait international d’un prix exorbitant, simplement pour pouvoir le contacter à toute heure de sa vie loin d’elle.

Les coups de fils ont commencé dès que le taxi s’est arrêté. Shawn est monté dedans, a demandé au Paki qui le conduisait de le conduire à l’aéroport et le téléphone a sonné.

« ─ C’est maman.
─ Je sais. Qui tu veux que ça soit ? Qu’est-ce que t’as ?
─ Ca va ?

Shawn s’enfonça dans le siège et se frotta la tête pour s’empêcher de péter un plomb. Elle reniflait et pleurnichait toujours au téléphone.

─ Comment ça, ça va ? ‘man, je viens de partir. Tu ne vas pas recommencer ?
─ Recommencer quoi, mon fils ? Tu crois que je t’appellerai si tu ne me faisais pas souffrir comme ça ?
─ Mamaaaan, arrête ! Sois heureuse pour moi, me prends pas la tête. Tu savais très bien que ça arriverait. Aller, raccroche, je veux pas te raccrocher au nez.
─ C’est comme ça que tu me remercies. Je t’ai porté neuf mois, neuf mois, espèce d’ingrat !
─ Je vois pas le rapport entre les neuf fois passés dans ton ventre et mes trois ans d’études. ‘man raccroche ou j’appelle papa (c’était la menace ultime. Le père de Shawn était de ces hommes qu’on craignait sans qu’il ait à porter la voix.)
─ Je te rappelle quand tu arrives à l’aéroport, Shawn, fais attention et ne laisse pas de pourboire au taxi. C’est un Paki. Pourquoi t’es monté dans la voiture d’un Paki, tu veux qu’il te coupe la gorge ou quoi ? T’as fait ça pour m’embêter encore ?
─ T’es tarée, ma pauvre mère... aller, à plus tard. »

Veronica était un ramassis de clichés et de stéréotypes dans lesquelles elle-même ne croyait pas. Dès qu’elle avait entendu qu’il confirmait sa réservation, les jérémiades avaient commencé. Jusque là, elle n’avait jamais vraiment cru que son fils comptait réellement quitter les Etats-Unis pour aller étudier à l’étranger. Même son père avait fui le domicile conjugal pour ne plus entendre sa femme tourner en rond en psalmodiant des quantiques incompréhensibles en hébreux où elle devait prier Yahvé de bien vouloir prendre soin de son fils, de l’empêcher de partir, et lui demander ce qu’elle avait bien pu faire de travers pour mériter ça. Une mère juive dans toute sa splendeur. Shawn était habitué, il ne prenait plus cette anxiété maladive pour vrai. Sa mère se jouait ses propres drames toute seule, il se contentait de l’embrasser et de la laisser ruminer seule. Le père de Shawn, George, sorcier sans religion particulière (ce qui rendait plus supportable aux yeux de Shawn le quotidien monastique et terrorisant dans lequel vivait sa mère), était aussi réticent à cette expatriation mais pour des raisons d’ordre structurel. Nouvellement affecté par l’Opposition à un projet de création et de sécurisation de villages réservés uniquement à certaines catégories de sorciers ou de moldus, on appelait ça des « ghettos », il espérait que son fils participe activement à l’entreprise. Tout ce qui était pré-écrit et formaté ennuyait fortement Shawn qui, même s’il n’avait pas décidé de poursuivre des études supérieures à l’étranger, n’aurait jamais accepté de mettre le nez dans les affaires de son père.

Malgré tout, il était difficile aux Page de refuser quoique ce soit à leur fils unique. En échange d’une brochette de O à ses examens à Bloomingale, l’école de sorcier pour les américains, ils avaient promis qu’ils le laisseraient faire ce qui veut après ses aspics. Ils devaient avoir promis sans avoir foi en la détermination de leur fils qui leur rapporta avec un détachement désinvolte les O exigés.

Arrivé à l’aéroport, Veronica avait déjà appelé six fois. Les deux premières fois pour savoir s’il allait bien, les deux fois suivantes pour être certaine qu’il n’avait pas changé d’avis et les deux dernières fois pour qu’il n’oublie pas d’appeler ou d’écrire en arrivant. Si lui oubliait, elle se chargerait de lui rappeler.

Le reste du voyage a été très ordinaire. Classe économique. Deux plateaux repas d’une qualité moyenne. Des hôtesses de l’air dont on se demandait sincèrement pourquoi certains hommes fantasment dessus. Shawn les trouvait risibles avec leur air obligé. Ce n’était pas la première fois que Shawn prenait l’avion mais c’était la première fois qu’il le prenait pour si loin. Il a dormi durant tout le vol. Ca ferait peut-être arriver l’Angleterre plus rapidement.

Quand il a ouvert les yeux, l’avion terminait son atterrissage. Sa vieille voisine lui a souri.

« ─ Vous avez parlé pendant votre sommeil, mon enfant.

Shawn était encore un peu gourd. Il a haussé les sourcils sans comprendre. La vieille a continué :

─ J’ai eu le droit à votre petite enfance, à votre mère, mais pas à la raison de votre voyage.
─ J’ai parlé tant que ça ?
─ Oui, c’était plutôt intéressant.
─ Ah, ben, je suis désolé...
─ Il ne faut pas, comme je vous l’ai dit, c’était très intéressant. Vous allez faire quoi en Angleterre ?
─ Je ne sais pas trop encore... je veux trouver un boulot et passer trois mois sans ma... mère donc... pour m’acclimater à ce continent. Je vais faire mes études en Ecosse.
─ Ah ? Dans quelle université ?
─ Je... Je ne l’ai pas dit dans mon sommeil ? a-t-il essayé de changer de sujet en riant. Par pirouette, il a changé de thème. Et vous ? Qu’est-ce que vous allez y faire ?
─ Je rends visite à mon petit fils. Il habite à Londres et il vient de quitter la maison qu’il partage avec des amis pour se marier.
─ Génial... et cette maison, il y a une place libre alors ? »

Ainsi Shawn venait de trouver son logement. En échange, il a accompagné la vieille dame jusqu’au taxi et tous les deux se sont rendus à Londres pour aller à la rencontre du futur époux qui lui a présenté ses anciens colocataires.

Shawn est resté trois mois à Londres, de petits jobs en petits jobs, il a fini livreur de pizza. C’était assez pour lui payer son train de vie et divers petits voyages en Europe avec ses colocataires avec lesquels ils s’entendaient bien.

L’un d’eux était un sorcier. Shawn avait alors levé le mystère sur l’université qu’il comptait fréquenter à la rentrée. Les autres lui apprirent qu’en Europe la vie entre sorciers et moldus était beaucoup moins sectionnée qu’aux Etats-Unis et que c’était l’avantage d’être dans un pays qui soutenait la Résistance. Ils étaient libres ou non d’accepter les changements. Shawn avait déjà envisagé d’intégrer l’Opposition par croyance et parce que ses parents étaient de fervents Opposants. Il n’avait jamais été élevé dans le dédain des différences bien que sa mère se montre réticente à tout ce qui n’était pas juif (sauf son mari... une de ses nombreuses contradictions). Pour lui l’Opposition symbolisait, au contraire de la vision idéaliste de ses colocataires, un nouveau monde sans barrière qui donnait l’avantage aux combattifs. C’était d’ailleurs grâce à Antarès que des pays comme l’Angleterre pouvaient vivre aux côtés des sorciers sans plus cacher leur différence. Si les Etats-Unis avaient été prises d’assaut par Antarès, c’était que le nouveau monde était plus difficile à plier si on n’utilisait pas la force. Antarès avait des manières peu orthodoxes mais dans le futur ses buts seraient porteurs de choses bénéfiques.

Shawn gardait toujours ses réflexions pour lui pour ne pas froisser ses amis.

Le grand jour arriva très vite. Il s’était rendu à Poudlard par le Poudlard Express.

D’abord, il a trouvé ce moyen de transport on ne peut plus rustique, ce n’était rien à côté du château. Son unique bagage était un sac de voyage en cuir sombre. Il s’est fait enregistré au bureau des inscriptions, sachant d’ores et déjà la filière qu’il comptait poursuivre. Hawk Wing.

Son attention ne s’est pas détachée de la très jeune femme qui était venue les accueillir sur le quai. Son discours lui apprit qu’elle s’appelait La Rose. Il en était immédiatement tombé sous le charme. Cette attirance eut le temps d’évoluer quand il apprit quelques mois plus tard que le binôme qu’elle formait avec son jeune compagnon représentait l’ennemi le plus sérieux des personnes de l’Opposition. Ce n’est qu’avec le temps, de la lecture et beaucoup de recherche sur l’histoire des sorciers qu’il a réalisé à qui il avait affaire. Son respect pour eux grandi autant que celui qu’il avait pour Antarès mais Shawn avait déjà choisi son camp : il serait un Opposant et il allait œuvrer pour le meilleur.

Salut !

Ca m'a un peu embrouillé et je n'ai pas fait attention mais j'avais demandé s'il était possible d'être étudiant à Hawk Wing. Le blason est le bon mais le nom de l'aile ne l'est pas. Dans ma signature j'avais fini par mettre Hawk Ring, mais je suis allé vérifier et c'est soit Hawk Wing soit Unicorn Ring

Que fais-je ? Où vais-je ? Qui suis-je ?

Pour répondre à ta question, oui, Shawn entre en 3ème année en octobre, c'est bien ça