Daphne de Longueville naît le 01 septembre 1995 dans la demeure qui abrite sa famille depuis des générations, à Canterbury. Son père, Alexandre de Longueville, est un sorcier français sévère, qui ne jure que par le savoir-vivre, l'éducation et le paraître. Sa mère, Galatée Gallagher, est une femme soumise d'origine anglaise, qui a sacrifié ses ambitions et son intelligence sur l'autel du confort et de la richesse. Enfant, Daphne est sage, docile et obéissante, son père lui reproche toutefois son naturel solitaire, il déplore l'incapacité de sa fille à se mêler aux autres. Après avoir reçu l'éducation d'un précepteur, Daphne a le choix entre intégrer Poudlard et Beauxbâtons. Son choix se portera sur l'école écossaise, où elle rejoindra Serpentard, maison qui, indéniablement, contribuera à faire de Daphne ce qu'elle est aujourd'hui. Elle y apprend qu'on ne peut compter que sur soi-même, que les amis véritables sont rares et comprend enfin la devise des de Longueville, "Ardua Para Subire", qui signifie "Hâte-toi de t'élever." Ni populaire, ni rejetée, Daphne suit son chemin, réussisant ses B.U.S.Es puis ses A.S.P.I.Cs avec brio. Elle se lie vaguement d'amitié avec quelques personnes de Serpentard mais, au sein des autres maisons, sa réputation est exécrable, lui sont reprochés une répartie un peu trop acide et un goût un peu trop prononcé pour les coups bas. On ne lui connait aucune relation, les amourettes de ses camarades ne l'intéressent pas, elle travaille avec acharnement pour briller d'un point de vue scolaire. A l'âge de 17 ans, sa grand-mère décède, lui lèguant un petit appartement à Londres. Elle y emmènagera en attendant d'entrer à l'Université, où elle voudra apprendre le métier d'Auror. La vie de Daphne est réglée comme du papier à musique, ce dont la jeune fille se désole. Sa vie changera à tout jamais le jour où, alors qu'elle se promenait seule dans un parc la nuit, elle fera la rencontre de Samael Cain...
"Le premier coup qu’il me porta fut douloureux mais salvateur. Je savais enfin ce qui allait m’arriver.
La volonté qui m’habitait ordonnait à chacun de mes membres de se mouvoir et de s’unir pour sauver ce corps qui, autrefois, avait été le mien. J’offrais mon être à cet homme qui, malgré mes supplications déraisonnées, continuait de détruire sa plus récente acquisition : Moi.
Moi, Daphne. J’ai 17 ans et je suis minuscule. Le mètre cinquante sept et les quarante cinq kilos qui constituent ma frêle personne semblent faire de moi une créature docile, fragile et facile à abattre. Pourtant, cette morphologie inapte à résister à la violence qui me terrasse en ce moment m’a permis de développer une toute autre forme de force. Si mon corps cède bien vite sous la torture interminable infligée par mon bourreau, mon esprit, lui, ne capitule pas et résiste, puisant son énergie dans l’orgueil qui fait de moi une femme insupportablement hautaine. D’un regard brûlant d’une indicible haine, je fis savoir à cet homme que l’étendard qu’il brandissait fièrement au-dessus de mon corps meurtri ne clamait pas encore au monde sa victoire sur moi. Je me relevai maladroitement mais mes jambes, fines et tremblantes, se dérobèrent sous moi et c’est à terre que je du me résoudre à faire savoir à mon agresseur qu’il ne m’avait pas détruite.
Etrangement, il ne me tua pas et ne profana d’aucune façon le temps vierge et sacré qu’était encore mon corps à cette époque. Il s’amusait simplement du désespoir qui émanait de moi, alors que je tentais de conserver cette dignité qui, je le savais, me sauverait. Mais pour combien de temps encore ? L’éternité, complice de cette terrible nuit, avait transformé chaque seconde en minute et chaque minute en heure. Puis, soudainement, alors que tout annonçait ma longue et douloureuse agonie, je ne ressentis plus de souffrance nouvelle. Les coups avaient cessé de pleuvoir. Brisée et allongée sur l’herbe du parc, je pus enfin plonger mes yeux dans ceux de celui qui, après avoir été ma raison de mourir, deviendrait celle que j’avais de vivre.
Il disparu précipitamment, alors que je sombrais dans un sommeil que m’imposait mon corps, vidé de toute la force qu’il avait pu contenir. L’auteur des bleus qui ternissaient le teint de ma peau diaphane me laissa seule dans ce parc, où un passant me trouva le lendemain et m’amena à l’hôpital. Je ne répondis à aucune de leurs questions. J’étais trop fière pour me plaindre, juste assez responsable pour accepter d’être soignée.
C’est donc ainsi que je fis la connaissance de Samael. Je ne le savais pas encore, mais cette nuit dans le parc s’annonçait bien plus douce que tout ce que je m’apprêtais à vivre avec l’homme qui m’avait torturée et qui continuerait de le faire, jusqu’à la fin de ma vie. Quelques jours plus tard, je pus enfin sortir de l'hôpital. Bien qu'hors de danger, je conservais les traces de mon agression. Malgré les hématomes impressionants qui recouvraient certaines parties de mon visage, je conservais mes traits de petite fille, mon air candide et et innocent. Je semblais incroyablement calme, sereine et posée. Mais malgré cette quiétude apparente, je sentais monter en moi une rancune meurtrière, une soif de vengeance qui aurait détruit le monde si elle n'avait pas été abstraite et immatérielle."