Les âmes vides

Nom du responsable RP : Elliot O'Malley
Noms des participants : Jezabel Jackersson, Ulysse Denali, Elliot O'Malley
Lieu(x) où se déroule l’histoire : Hollywitch, Londres.
Date(s) / Echelle du temps : 4 juillet 2012
Pitch du sujet au départ : Après avoir voté, Elliot enquête sur ce que Jezabel a bien pu voter car elle reste très mystérieuse sur son choix. Ils dînent dans leur baraque à Hollywitch avec plusieurs invités, dont Ulysse.
Chronologie : RP Express qui suit ceux que nous avons tous les trois en cours: Mensonge et Trahison et Comme on se (re)trouve.
Avertissement : Standard [X] Sexualité [ ] Violence [ ] Idées pouvant être choquantes [ ] Vocalubaire O'Mallien [X]
Raison de l’ouverture du RP Express : RP Express Officiel "Référendum"
Administrateur ayant donné l’accord : ELLIT O'MALLEY Accepté [X] Refusé [ ], en cas de refus, voici le motif invoqué : ...

Encore une soirée. Dans ma baraque. Ils ont raison les gens, c'est mieux de faire le foutoir dans la baraque des autres, on n'a pas à ranger et la bouffe est gratos. C'est une soirée avec des people, de l'alcool, des robes et de la zic comme certaines midinette - dont ma femme - peuvent raffoler. Une soirée où je suis sans être tout à fait là. Je suis Jezabel de groupe d'invités en groupe d'invités sans trop calculer ce qu'il s'y dit. Je réponds avec la même monotonie à tous les compliments ou tous les remerciements.
Je suis désabusé. J'arrive pas à comprendre cette fête, la raison de cette fête, et j'étais parfaitement contre mais des fois y a des choses que je dis qui passent comme inaperçues dans la tête de Jay. Elle sait que je peux rien lui refuser alors elle s'économise même de me demander certaines choses. Je peux pas lui en vouloir, si je dis rien, elle poursuit, elle a raison, j'ai qu'à ouvrir ma gueule.
Ca fait presque deux heures que ça a commencé et la fête bat son plein. Quand je réalise que je suis entouré de six nanas et que Jezabel m'a délaissé pour un couturier à la mode, je m'excuse poliment et je me tire le plus discrètement possible vers la terrasse du premier étage où nous nous trouvons. Un gros besoin de prendre l'air... depuis l'aventure avec Fatou et Tiara, je vis complètement à côté de mes pompes. Je suis assis sur un balustre, les pieds dans le vide et tu sais quoi? J'ai jamais autant eu envie de sauter que maintenant.
J'ai voté, de façon prévisible, comme Tiara aurait prédit que je le ferai... et je peux pas lutter contre.

Il errait comme une âme vide au milieu des invités. Depuis l'épisode de King's Cross, Jezabel m'avait présenté à lui comme le conservateur du Petit Musée en me faisant promettre de ne pas révéler la vérité à Elliot. Je jouais le jeu depuis maintenant plusieurs semaines et j'étais plutôt étonné de constater qu'il ne posait aucune question au sujet de ma présence quasi constante auprès de sa femme. Pour ma part, j'aurais au moins montré un peu de jalousie. Pas Elliot. Il m'intriguait. Ce n'était pas le fait de me retrouver malgré moi aux premières loges des scènes de la vie conjugale d'un couple de célébrités qui attisait ma curiosité mais l'impression inexplicable d'avoir sous le nez deux personnes qui paraissaient chacune se cacher de nombreux secrets et être complètement inconscients de la tristesse dans laquelle l'autre vivait. Jezabel cachait son infortune dans la frivolité et les fêtes où elle conviait pour un oui ou pour un non le tout London. Elliot la dissimulait beaucoup moins bien, il avait juste l'air de se fiche de tout, mais seule des oreilles attentives pouvaient entendre que même dans les mélodies de ses musiques une détresse teintée de dégoût arquait chaque note et chaque parole.

Je l'avais suivi des yeux depuis plusieurs minutes maintenant et je profitai de l'inattention générale pour le rejoindre sur le balcon de la terrasse. Il regardait le sol. J'arrivai clandestinement à côté de lui en lui tendant un verre que je venais de prendre sur le plateau d'un serveur:

▪ Vous revisitez les lois de l'attraction ?

A quelques discussions mondaines de là, Jezabel observait Ulysse se diriger vers Elliot avec un verre à la main. Elle ne raffolait pas de les voir ensemble, c'est-à-dire sans qu'elle soit là pour surveiller ce qu'ils se disaient et contrôler les informations que délivrait Ulysse, mais avec le temps elle savait qu'Ulysse était digne de confiance.

♥ Et heureusement pour moi, il est d'une naïveté aberrante ♥

Le problème avec les mensonges c'est qu'on s'y habitue très vite et qu'un seul entraîne le suivant et ainsi de suite. Jay était saucissonné dans ses mystifications et elle avait fait de la duplicité un art qui faisait passer machiavel pour un enfant de chœur. Elle décida de les observer de loin en continuant de s'occuper de ses invités, rassemblés en nombre pour fêter la création d'une fondation pour les artistes. Chaque donateur voulait discuter avec elle car en dehors d'être la présidente de la fondation, depuis deux semaines, il était devenu de notoriété publique que Jezabel Jackersson était un membre de l'Opposition. Au lieu de faire fuir son entourage, la nouvelle publiée dans Voilou Magazine avait dragué plusieurs nouveaux venus auprès d'elle. C'est comme si les gens pensaient qu'en la fréquentant, ils seraient à l'abri au cas ou une guerre éclaterait.

♥ Quel bande de trolls profiteurs ♥

C'était un peu Sainte Mangouste qui se foutait de la charité.

- Je... non... je... heu...

Je bégaye. Je sais pas quoi dire j'ai l'impression d'avoir été pris en flagrant délit de tentative d'un truc que j'aurais de toute manière jamais le courage d'accomplir. Je me sens con.

C'est Ulysse. Le nouveau jouet de Jezabel. Il passe plus de temps avec elle qu'elle n'en a jamais passé chez l'esthéticienne. Je me suis un jour demandé s'il couchait avec elle... mais une femme enceinte... quand même... je sais pas trop... de nos jours, ça serait pas le truc le plus fou qu'on m'aurait fait gober. J'ai jamais eu le cœur d'enquêter ou de demander des explications à Jay, j'ai bien fait, parce qu'il a l'air d'un type bien. Enfin, je crois...
Je prends le verre qu'on me tend et je regarde dans le fond pour voir si une des bulles ne s'est pas transformée en fortune cookie. Plus que jamais j'ai besoin de savoir où je vais et mes réflexions n'avancent pas.

- J'avais besoin d'air. Qu'est-ce que vous faites ici? Je pensais que cette petite fête était en votre honneur. La fondation, les artistes, votre musée, ces trucs-là, quoi. Vous devriez retourner auprès des invités.

Je bois pas. Je repose le verre. Je bois plus depuis six mois.

A première vue, il n’avait aucune envie que je reste mais je ne pris pas pour argent comptant sa première réplique. Au contraire, j’avais plutôt le sentiment qu’il me mettait au défi de rester envers et contre toute la mascarade de cette soirée mondaine qui paraissait l’ennuyer. Je le regardai poser son verre sans rien dire.
Je m’accoudai au balustre à côté de lui et observait le fond du jardin illuminé et les lumières de Londres qui scintillaient au loin.

Après un temps court et un soupir, je lui répondis :

▪ J’ai besoin d’air moi aussi... et Jezabel n’a jamais eu besoin qu’on l’aide pour ce genre de festivités.

“ Je ne devrais peut-être pas faire celui qui connait sa femme plus que lui... „

J’avais envie d’effacer ma dernière réplique mais d’un côté elle me servait à lui tendre une perche. Il était impossible de prétendre que j’ignorais que le fond du problème se trouvait peut-être là. Est-ce que jouer au psychologue de couple n'allait pas me retomber sur le coin de la tronche ? C'était un jeu dangereux que je voulais jouer.

▪ Je... heu... je ne veux pas juger, surtout après tout ce qu'elle a fait pour mon musée. Excusez-moi, ma remarque est déplacée..

- Pas de souci, dis-je conquis et effrayé. Je suis effrayé pour une raison chelou... je viens de réaliser que je n’étais pas le seul à connaître Jay. Enfin, je savais que d’autres n’étaient pas dupes du personnage mais je n’avais jamais vraiment imprimé le caractère global de cette information.

♠ Je ne suis pas le seul dans sa vie... je ne suis pas seul à savoir... je la partage... elle a une vie en dehors de moi. ‘tain, je le sais pourtant. ♠

Conquis parce qu’il faut une once de franchise pour dire ça au compagnon de l’intéressée. Une simple remarque jetée comme un galet à la mer ricoche dans ma tête, encore et encore. Je dis « pas de souci » mais on voit bien que je m’en fais du souci. Réaction instinctive: je regarde le verre. Souci = escape, escape = refuge, refuge = la tise.

♠ Désintègre-toi... ♠

A bout de baguette, je fais léviter le verre au-dessus de la balustrade et je le fais se renverser dans le jardin, un étage plus bas. D’ailleurs, je lâche aussi le verre dans les buissons. Il tombe à pic et atterrit dans un bruit de feuillage froissé.

- Jezabel est indépendante. Elle sait très bien se débrouiller seule... vous... vous êtes devenu proche d’elle. Vous savez ces trucs aussi bien que moi. Alors non, pas de souci, vraiment.

Qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour savoir ce qu’ils se racontaient. Oma était fermé comme une huitre depuis plusieurs mois et elle n’arrivait à rien obtenir de lui. Elle se demandait si il avait une maitresse.

♥ Si Ulysse s’entend bien avec, je pourrais lui demander de se renseigner... de gagner la confiance d’Elliot pour savoir s’il me trompe ♥

Ben s’il la trompait effectivement, sa maîtresse devait pas avoir de talent pour le sexe parce qu’il tirait pas une tête de celui qui prend son pied mais plutôt de celui qui veut se pendre. Jezabel prit un verre dans la main d'undes invités qui fut surpris de se trouver dépossédé de sa boisson et elle se dirigea droit vers les deux hommes qui étaient à la terrasse. Elle ne supportait pas de les voir discuter sans savoir.

Mais un Gobelin de Gringott se mit en travers de son chemin. Il tira sur sa robe Barberiz pour avoir son attention. Elle n’avait qu’à l’enjamber...

♥ Non tu peux pas, c’est un des principaux donateurs!! ♥

Jay grimaça et se pencha pour serrer la main au Gobelin avec son petit air pincé.

- Greyson, comment allez vous? Je ne vous avez pas vu...
- A cause de ma taille, c’est ce que vous sous-entendez ? coupa-t’il grognon. Il sentait que Jezabel n’était pas à lui, elle regardait désespérément Elliot et Ulysse qui continuaient de discuter... sans elle. Elle se rattrapa et capitula:
- Non, pas du tout, qu’allez vous chercher là. Je vous cherchais justement pour vous remercier de votre généreuse donation et...
blablabla

Des fois, les gens nous disent “ pas de soucis „ mais tout porte à croire le contraire. Mais je ne n'insiste pas car je ne veux pas le brusquer et le perdre. Quand j'y repense, je n'ai jamais eu de discussion avec Elliot sans que Jezabel soit avec nous... si bien que je n'avais pas remarqué qu'il essayait à nouveau de se couper de l'alcool.

C'est à cet instant que, j'ai tourné la tête vers la salle de réception juste à temps pour surprendre Jezabel sur le point de nous rejoindre. Heureusement, le vieux Greyson l'a arrêté ce qui me laisse juste assez de sursis pour...

- Elliot, ça vous dit un petit tour ? Disparaître d'ici quelques heures. Je suis sûr que personne ne s'en rendra compte... sauf Jezabel. Mais elle saura bien se débrouiller sans nous, lui dis-je en souriant avec espièglerie.

Je fais apparaître deux balais de derrière un rideau. Je les savais là car je les y avais laissé après un tour avec Jezabel. D'après les anecdotes de Jay, Elliot a la réputation d'avoir été un bon joueur de Quidditch au collège. Depuis combien de temps, n'est-il pas remonté sur un balai?

“ Jezabel va me tuer... mais tant pis ! „

Au début mon sourire est tout minable. Je dois avoir la gueule d'un chien battu puis je réalise petit à petit et l'idée m'enchante: moi, sur un balai, loin de tout. F-Good!

Je tends la main vers le deuxième balai en lui faisant un oui franc de la tête. Oh que oui! Et comment que ça me dit. Je monte dessus en envoyant un sourire quatre étoile à ma belle Jezabel. Elle est derrière nous, dans la salle, avec sa belle robe et beau ventre... heu, et un moche Gobelin. Elle me pardonnera.
J'enjambe le balai comme on enjambe un obstacle. Avec de l'extase, de la fureur et l'envie d'aller au bout. Je tape un petit coup de pied sur le sol et le balai plane déjà. Une pirouette et je m'envoie en l'air. Dans les étoiles. Je fais un looping et reviens à la hauteur d'Ulysse. Je me suis élancé maintenant je me lance:

- Tu sais ce qu'elle a voté, Jay. Dis-le moi.

Je lui balance ça sans envisager qu'il puisse me dire "Non. Je sais rien."
C'est pas beau le chantage émotionnel mais j'ai besoin de savoir. Ce type essaye d'acheter ma confiance avec un tour de balai et je sais bien, quelque part au fond de moi, que ce n'est pas la meilleure façon de se s'échanger nos confiances mutuelles mais je joue le jeu. Il me file un balai pour une illusion d'amitié. Okay. Je la lui file contre la réponse à mes interrogations... C'est mal, tu vois, un peu comme si on mettait un impôt l'amitié, une taxe sur la loyauté. C'est pas cool. La confiance, on la donne ou on la donne pas. Mais je veux savoir. Alors dans l'inflexion de ma voix, j'y mets le petit truc qu'il faut pour qu'il comprenne bien: il veut faire ami-ami pour une raison que j'ignore? Cool. Très bien. S'il me répond la vérité, il a ma confiance... sinon... qu'il aille se faire foutre. Comme tous les autres.

Je le regarde intensément, la question est toute bête mais, comme moi, il sait ce qu'elle engage, dans le fond.

■ Elle a voté "oui" et ensuite elle a vomi toute la nuit. C'est le soir où elle n'est pas rentrée... elle a dormi chez moi. Elle ne voulait pas rentrer. Elle ne voulait pas vous voir.

Il avait voulu la vérité, je la lui avais donnée crument. Ses yeux étaient un appel à l'aide. J'avais l'impression qu'il cherchait encore les points communs qu'il aurait pu avoir avec Jezabel autrefois. Pour moi, ces points communs, s'ils existaient toujours, étaient entassés sous une montagne de non-dits. Il leur fallait de l'air.

Je pris le second balai dans ma main et haussai deux sourcils étonnés vers Elliot:

■ Elliot... si vous voulez que je vous suive, il va falloir que vous enchantiez mon balai... Alors ?

En somme, je lui demandais implicitement si j'avais réussi le petit examen de passage auquel il me soumettait. Si sa réponse était oui, il enchanterait ce balai comme un jour Jezabel l'avait fait pour m'apprendre à voler.